Une personne peut-elle présenter des symptômes de sevrage si elle arrête de boire pendant un mois ? Le sevrage de l’alcool est-il dangereux ? Des traitements sont-ils disponibles ?
Le Dry January peut-il déclencher des symptômes de sevrage alcoolique ?
Le Dry January, ou la pratique consistant à s’abstenir de boire pendant le premier mois de l’année, a gagné en popularité au cours de la dernière décennie comme moyen de réduire sa consommation d’alcool, mais aussi pour faire le point sur ce problème si s’en est un.
L’arrêt brusque de la consommation d’alcool peut cependant poser des risques de sevrage plus ou moins sévères en fonction de la physiologie et surtout du niveau de consommation d’alcool de chacun.
Qui risque de souffrir de symptômes de sevrage lors d’un Dry January ?
Il est important de savoir que la plupart des personnes qui s’abstiennent de boire pendant un mois ne développeront pas de symptômes de sevrage. Cependant, les personnes qui boivent régulièrement (quotidiennement ou presque), de manière importante, et qui sont physiologiquement dépendantes de l’alcool sont à risque.
Sur les 14 % d’adultes qui souffrent d’un trouble de la consommation d’alcool, environ la moitié développent un syndrome de sevrage lorsqu’ils réduisent ou arrêtent de boire. La plupart d’entre eux présenteront des symptômes légers, tandis qu’environ 1 sur 5 évoluera vers un symptôme modéré ou grave.
Pour connaître l’ensemble des symptômes de sevrage à l’alcool, je vous conseille de lire cet article du site aide-alcool.be qui fait un point complet sur l’ensemble de ces symptômes. Ils vous aideront à comprendre ce que vous ressentez lorsque vous arrêtez de voir de l’alcool.
Plus une personne boit régulièrement depuis longtemps et plus la quantité d’alcool qu’elle consomme est importante, plus le risque de développer un symptôme grave est élevé. Les personnes qui ont connu un sevrage compliqué dans le passé, notamment des crises de délirium tremens, courent un risque accru de voir réapparaître ces mêmes symptômes graves. L’âge avancé et les problèmes médicaux sous-jacents, tels que les troubles épileptiques, les lésions cérébrales, les troubles de l’alimentation, les maladies du foie, les maladies cardiaques et certains troubles psychiatriques peuvent également augmenter les risques de symptômes de sevrage dangereux.
Et enfin, un facteur de risque que beaucoup oublient de prendre en compte : les autres substances qu’ils peuvent consommer. Une personne sous l’influence d’une autre substance (cannabis, tabac, opioïdes, benzodiazépines, etc.) ou en sevrage d’une autre peut présenter des symptômes médicaux plus complexes pendant la désintoxication.
Il est important de discuter ouvertement de ces risques avec son médecin traitant avant le Dry January.
Quels sont les symptômes du sevrage alcoolique ?
Les symptômes légers surviennent généralement 6 à 12 heures après le dernier verre et peuvent inclure des tremblements, de l’anxiété, de l’insomnie, des palpitations, des maux de tête, des maux d’estomac et de la transpiration.
Le sevrage modéré survient généralement entre 12 et 24 heures et peut inclure des changements plus inquiétants des signes vitaux et des hallucinations visuelles, auditives ou tactiles.
Les symptômes graves surviennent généralement de 24 à 72 heures après le dernier verre. Il peut s’agir de crises et de delirium tremens (DT), qui se caractérisent par une désorientation, une aggravation des hallucinations et une agitation. Entre 10 et 30 % des personnes atteintes du syndrome de l’alcoolisme grave sont victimes de crises d’épilepsie et moins de 5 % souffrent de delirium tremens. Ces symptômes de sevrage peuvent mettre la vie en danger et nécessiter une visite aux urgences et l’admission à l’hôpital.
Le délai de sevrage peut varier considérablement d’une personne à l’autre. Selon les problèmes de santé sous-jacents d’une personne, certains des symptômes les plus graves peuvent apparaître plus tôt ou durer plus longtemps. C’est pourquoi les conversations sur le niveau de risque de chaque personne et sur les moyens de se désintoxiquer de manière sûre et efficace constituent une partie importante de la planification du Dry January du point de vue de la santé.
Pourquoi certaines personnes présentent-elles des symptômes de sevrage ?
Le sevrage survient lorsque les effets chroniques de l’alcool sur le système nerveux central s’inversent rapidement.
L’alcool agit comme un anti-dépresseur c’est-à-dire qu’il ralentit le fonctionnement de nombreux centrez nerveux. Les personnes qui boivent régulièrement, et surtout celles qui l’ont fait pendant longtemps, s’adaptent souvent à fonctionner dans cet état.
Lorsque ces mêmes personnes arrêtent ou réduisent leur consommation d’alcool, elles ressentent l’effet inverse de l’effet anti-dépressif : une excitation spectaculaire du système nerveux.
Je décris souvent ce processus comme étant analogue à celui d’une personne qui enlève le pied du frein de son système nerveux et appuie sur l’accélérateur, envoyant son corps à grande vitesse vers une série de symptômes de sevrage.
Le sevrage alcoolique peut-il être traité ?
Le sevrage de l’alcool peut être traité médicalement et ne devrait pas être un obstacle pour la plupart des personnes qui tentent l’abstinence.
Les médecins peuvent prescrire une série de médicaments pour aider leurs patients à traverser en toute sécurité les sept à dix premiers jours d’abstinence, lorsque les symptômes de sevrage sont les plus probables. Ces médicaments peuvent inclure des benzodiazépines ou d’autres molécules comme la Baclofène qui peuvent être prises au besoin ou selon un calendrier, en fonction de la personne. Tous les médecins, et pas seulement les spécialistes de la toxicomanie, peuvent prescrire ces médicaments.
Pour les personnes présentant un risque élevé et dangereux de symptômes de sevrage, un médecin peut recommander de terminer la désintoxication dans un cadre surveillé, ce qui peut impliquer de passer la nuit dans un centre spécialisé ou une unité médicale d’hospitalisation. Cela pourrait rendre le reste du Dry January à la fois plus sûr sur le plan médical et plus fructueux.
Enfin, un mot sur la dépendance. Certaines personnes qui tentent de faire le Dry January peuvent souffrir d’un trouble de la consommation d’alcool sous-jacent. Je recommande aux gens de saisir l’occasion de discuter avec leur médecin pour savoir si leurs antécédents de consommation d’alcool correspondent à ce diagnostic. Plusieurs médicaments et types de psychothérapie peuvent aider les gens à réduire leur consommation d’alcool ou à s’abstenir à plus long terme.
Nombre de mes patients sont également surpris d’apprendre que des études mondiales de grande envergure suggèrent que le seul niveau de consommation sans danger est zéro, même pour les personnes qui ne souffrent pas de troubles de l’alcoolisation. Par conséquent, limiter la consommation d’alcool ou s’en abstenir préserve la santé, de meilleures relations et un meilleur fonctionnement général, non seulement pour la nouvelle année, mais aussi au-delà.
Source : washingtonpost.com
A propos de l’auteur :
Rédacteur intérimaire, présent à temps plein. A défaut de tout connaitre sur tout, en savoir un peu sur presque rien, c’est un bon début …