Où sont passés les bordeaux ?
Le Monde a rassemblé trente sommeliers des quatre coins de la France pour en savoir plus sur leurs derniers coups de cœur. Aucun n’a mentionné le bordeaux. L’un d’entre eux, venant de Reims, a cité un champagne, un autre à Arbois un vin du cru… Un sommelier venant de Bordeaux a évoqué un vin de la vallée du Rhône. Personne n’a évoqué la Gironde, ni dans le Médoc, ni dans les Côtes-de-Blaye. Les lecteurs du Monde ont été sujets à l’incompréhension, se demandant pour quoi nul n’avait évoqué Bordeaux !
Les vins de France
Les vins de la Loire et du Rhône arrivent en première position des choix. Viennent ensuite la Bourgogne, le Languedoc, le Jura, l’Alsace et la Savoie. Les blancs sont autant cités que les rouges, ce qui peut paraître surprenant. À l’Arôme, un restaurant gastronomique étoilé du 8e arrondissement de Paris, le chef sommelier déclare qu’il préfère un vin du Jura. Puis il cite un vin de la Loire. Bordeaux n’est, encore une fois, pas à l’honneur.
Si peu de personnes connaissent les rouges du Jura et de la Savoie, les cavistes et les sommeliers les affectionnent. De même pour les vins de Lorraine ou d’Ardèche. Les rouges du Roussillon font l’unanimité : ces terres peu réputées sont abordables et parfaites pour un vigneron qui souhaite lancer son domaine.
Les sommeliers ont été interrogés sur leurs découvertes, les vins qui les ont étonnés par leur caractère. Ils ne boudent pas le vignoble de Bordeaux, si riche et varié. Le sommelier doit dénicher des vins à la fois méconnus et abordables, voilà pourquoi les bordeaux passent à la trappe.
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L’Angleterre, précurseur de l’œnologie
La renommée de ce vin, sur lequel les sommeliers interrogés font l’impasse, s’est construite en Angleterre, quand Aliénor d’Aquitaine, au XIIe siècle, fait acheminer des vins de sa région par le port de Bordeaux. C’est en Angleterre encore, au début du XVIIIe siècle, qu’on décide que le champagne est plus digne d’intérêt lorsqu’il a des bulles, créant ainsi celui qu’on savoure aujourd’hui. Ce même pays a décrété que le beaujolais nouveau devait se fêter, donnant sa dimension mondiale à l’événement.
Influences et tendances actuelles
Le bordeaux tend aujourd’hui vers une certaine finesse. Dans les années 1990-2000, il était boisé, dense et concentré. Ceci du fait de l’influence du critique américain Robert Parker notamment. Avant 2014, il notait les plus grands crus du Bordelais. Des chefs reconnus tels que Alain Senderens et Georges Blanc ont fait, eux, connaître et apprécier les vins du Rhône.
Quid des consommateurs français ? Dans la dernière décennie, la préférence est aux vins du sud du Rhône et du Languedoc. Les jeunes consommateurs tendent aujourd’hui à choisir des vins de la Loire, et de la Bourgogne malgré ses prix souvent onéreux.
Sources : Le Monde, Les Echos.
A propos de l’auteur :
Rédacteur intérimaire, présent à temps plein. A défaut de tout connaitre sur tout, en savoir un peu sur presque rien, c’est un bon début …